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Arête Nord-Ouest du Petit Ruhle

Article publié le mardi 5 juin 2018.


Samedi 2 juin. Départ de Pamiers au petit matin. Le temps s’annonce mitigé avec risques de pluie dans l’après-midi, et orage en fin d’après-midi.

Au niveau des Cabannes, nous prenons la route qui file lentement vers le barrage de Laparan via le barrage de Riète. Terminus de la route : parking du Pla de Laspeyres (1700m). Le parking est désormais flambant neuf, munis de jolis rondins de bois matérialisant les emplacements pour garer les voitures. Il fait bon.

Les montagnes sont encore partiellement enneigées, surtout dans les combes, bien que la neige ait beaucoup fondue durant ces derniers jours. On prend le sentier qui file vers le refuge du Rulhe (2185m). On dépasse la cabane de Garsan. Le sentier s’élève en traversant quelques menus ruisseaux. Au refuge, nous saluons les gardiens Calou et Géraldine qui débutent leur saison estivale.

Sans trainer on poursuit le sentier qui atteint la base des contreforts de l’arête Nord-Ouest du Petit Rulhe (2620m). On gravit un pierrier parsemé de cairn, puis on poursuit en posant parfois un peu les mains sur l’arête qui se raidit. Ca papote... Enfin un replat devant un gendarme annonçant que la grimpe va vraiment commencer.

Jules constitue les cordées. Nous sommes huit répartis en 3 cordées : Jules en tête avec Catia et Bernard en flèches ; suivit de Rémy et Gaudéric ; enfin, Gaspard en tête avec Arnaud et Pierre en flèches.

On s’équipe : baudrier, casque, répartition du matériel, encordement ; quelques consignes de Jules, et c’est parti !

On contourne le gendarme à main droite. Pas très difficile : un spit est cependant en place. Un peu plus loin, il y a un relais. Une vire étroite et herbeuse part sur la droite, puis la paroi s’élève raide dans une fissure ouverte sur une petite dizaine de mètres. On aboutit à un replat.

Faisant parti de la dernière cordée qui n’a pas encore passé le gendarme, je bénéficie d’une vue panoramique sur les deux cordées qui me précèdent. Ainsi je peux contempler à loisir Jules qui s’élève dans la difficulté, et qui va... Oui qui va... Je ne rêve pas... qui va poser le genou ! Oui, vous avez toutes et tous bien entendus : Jules a posé le genou ! Tout comme jadis les frères Ravier savaient si bien le faire, Jules perpétue la grande tradition pyrénéenne de l’alpinisme de difficultés. Bravo à lui ! L’éperon Nord de la Pique Longue n’attend désormais plus que sa venue qui s’annonce imminente.

Derrière nous le paysage s’ouvre amplement. On peut contempler la large et interminable Coume de Varilhes, la longue pente rectiligne de la face Nord du pic de Come d’Enfer ainsi que les étangs de Fontargente partiellement glacés. Tout petit, en contrebas, le refuge du Rulhe.

Nous atteignons un col herbeux. Un ressaut avec un pas de V, puis une partie en dalle qui se termine sur un relais, suivi d’une courte montée facile pour accéder à un nouveau relais. D’en haut, Jules me lance d’une voix forte : « Energique Pierre ! Energique ! ». On se met à marcher. L’endroit est large et sans danger. J’en profite pour me délester en posant un beau cairn ! Plus loin, un petit rappel pour accéder à une brèche.

Derrière nous, à l’ouest, le ciel s’est assombrit, des nuages gris foncés obstruent les hauts sommets. Ça tonne dans le Vicdessos. Souhaitons que la pluie ne s’invite pas. Un nouveau et dernier ressaut à franchir. Tout d’abord une vire ascendante sur la gauche où on accède à un relais. Ensuite un dièdre avec quelques gros blocs surplombants pourvus de bonnes prises. Au-dessus, au relais, je vois à nouveau surgir le visage poupon de Jules qui me lance : « Energiques Pierre ! Energiques ! ».

On marche un peu sur la crête. Un dernier rappel d’une quinzaine de mètres pour terminer les difficultés de l’arête. On pourrait poursuivre jusqu’au Petit Rulhe en suivant la crête sans s’encorder, et même le Rulhe ; mais ce ne sera pas pour aujourd’hui. Nous sommes un peu dans la brume ; elle se dissipe vite le temps de descendre dans la neige pour rejoindre le sentier qui navigue parmi les pierriers. Plus bas Jules nous fait effectuer chacun à notre tour une glissade avec arrêt sur piolet ; un exercice amusant et profitable. Puis on casse la croûte sur les rochers. Le ciel est couvert mais il ne tonne plus. On regagne le refuge pour s’hydrater en terrasse grâce à Arnaud qui offre la tournée ! Puis la descente au Pla de Laspeyres où nous croisons des cohortes d’enfants qui montent au refuge.

Ayant perdu beaucoup d’eau (on va dire que oui !), Bernard offre sa tournée à Tarascon où bières et même... Monaco glissent avec délectation dans les gosiers. Merci à Jules pour cette belle journée d’alpinisme. Vivement la prochaine. Alors à + haut, à plus beau en Ariège ! les photos :ruhle


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